Comment arrêter de fantasmer sur les “200K€ dès la sortie d’école” ?

“Alors, tu gagnes combien en cyber ?”
Si vous travaillez dans la cybersécurité, vous avez forcément eu droit à cette question délicate lors d’un dîner de famille. Et là, deux options : soit vous esquivez avec un “ça dépend” embarrassé, soit vous déclenchez une crise cardiaque à tante Huguette en citant un chiffre qui fait plus que son salaire annuel…
Mais entre les légendes urbaines du “hacker millionnaire” et la réalité parfois plus nuancée du marché, il est temps de faire le tri. Parce que oui, la cybersécurité paie bien. Mais non, ce n’est pas Eldorado non plus !
La cybersécurité : le Far West des salaires ?

Le contexte qui change tout
Commençons par le commencement : pourquoi la cyber paie-t-elle bien ? La réponse tient en trois mots : offre, demande, urgence.
- 3,5 millions de postes non pourvus dans le monde
- +3 000 nouveaux postes créés chaque jour
- 1 cyberattaque toutes les 39 secondes
Résultat ? Un marché en tension totale où les entreprises se battent à coup de billets pour attirer les talents. C’est un peu comme essayer d’acheter du papier toilette en mars 2020 : quand tout le monde en veut et qu’il n’y en a pas assez, les prix s’envolent !
Mais attention aux raccourcis !
Contrairement à ce qu’on peut lire sur LinkedIn (où tout le monde semble gagner 150K€ minimum), tous les métiers cyber ne se valent pas. Un analyste SOC junior et un RSSI expérimenté, c’est comme comparer un stagiaire et un directeur général : même secteur, univers différent !
La grille de salaires réaliste (France, 2024)
🔰 Niveau Junior (0-2 ans d’expérience)

Reality check : Non, vous ne commencerez pas à 60K€ avec un Master et zéro expérience. Désolé !
⚡ Niveau Confirmé (3-7 ans d’expérience)

🏆 Niveau Expert/Management (8+ ans)

Les facteurs qui font la différence (et cassent les codes)
1. La géographie : Paris vs le reste du monde
Paris : +20 à 30% par rapport à la province, mais attention au coût de la vie ! Gagner 70K€ à Paris avec un loyer à 1500€, c’est parfois moins confortable que 50K€ à Lyon avec un loyer à 800€. Faites le calcul !
Régions : Toulouse (aéronautique), Rennes (télécoms), Nice (tech)… Les écosystèmes locaux tirent les salaires vers le haut.
Remote : Le télétravail bouleverse la donne. Certaines entreprises paient “au marché parisien” même si vous vivez en Bretagne. Le rêve américain à la française !
2. Le secteur d’activité : de la startup à la banque
- Banque/Finance : Les rois du salaire (+15-25%)
- Industrie critique : Énergie, défense… Salaires solides
- Conseil : Variable selon la réputation du cabinet
- Startup : Salaire + equity (à vous de voir si vous croyez au projet !)
- Public : Sécurité de l’emploi vs salaire plus modeste
3. Les certifications : l’effet “diplôme” 2.0
Les qui rapportent vraiment :
- CISSP : +5 à 10K€ sur le salaire
- CISM : Sésame pour les postes de management
- CEH : Valorisé pour le pentest
- ISO 27001 Lead Auditor : Parfait pour l’audit
A noter : Une certification coûte 3-5K€ et peut rapporter 5-15K€ par an. ROI non garanti, mais souvent rentable !
4. L’effet “pénurie” par spécialité
Certaines niches se négocient au prix de l’or :
- Cloud security : AWS/Azure + sécurité = jackpot
- DevSecOps : Le pont entre dev et sécu
- IA/ML Security : Nouvel eldorado
- OT/IoT Security : Industrie 4.0 oblige
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Comment négocier son salaire en cyber (sans passer pour un mercenaire)

Étape 1 : Connaître sa valeur marchande
Avant d’entrer en négociation, faites vos devoirs :
- Consultez les baromètres salaires (Hays, Michael Page…)
- Regardez les offres d’emploi similaires
- Échangez avec votre réseau (LinkedIn est votre ami !)
Spoiler : “J’ai vu sur Glassdoor que…” n’est pas un argument de négociation. Les données américaines ne s’appliquent pas à Bourg-en-Bresse !
Étape 2 : Construire son dossier
Ce qui marche :
- Résultats concrets : “J’ai réduit les incidents de 40%”
- Projets structurants : “J’ai mené la mise en conformité RGPD”
- Montée en compétences : “J’ai obtenu ma certification CISSP”
- Prise de responsabilités : “Je manage une équipe de 3 personnes”
Ce qui ne marche pas :
- “J’ai 5 ans d’expérience” (et alors ?)
- “Je mérite plus” (selon qui ?)
- “Untel gagne plus que moi” (c’est qui Untel ?)
Étape 3 : Négocier malin
Le package global : Ne vous focalisez pas que sur le salaire brut ! Pensez à :
- Télétravail (= économies transport/repas)
- Formation/certification (3-5K€ de valeur)
- Variable/prime (si objectifs atteignables)
- Voiture de fonction (si pertinent)
- Tickets restaurant, mutuelle…
Le timing :
- À l’embauche (meilleur moment)
- Après un projet réussi
- Lors d’une promotion
- Pas après un incident majeur !
Les pièges à éviter absolument
Piège n°1 : Les promesses en l’air
Méfiance si on vous dit :
- “On reverra ça dans 6 mois” (sans rien par écrit)
- “Avec les primes, tu peux arriver à X” (et si il n’y a pas de prime ?)
- “Tu auras plein d’avantages” (lesquels exactement ?)
Piège n°2 : L’effet “gros chiffre”
Un salaire élevé peut cacher :
- Des horaires impossibles (24/7 d’astreinte)
- Un environnement toxique
- Une pression énorme
- Pas de formation ni d’évolution
Comme dit le proverbe : “Il n’y a pas de bons ou mauvais salaires, il n’y a que des contextes !”
Piège n°3 : Se comparer aux GAFAM
Oui, Google paie ses ingénieurs sécu 200K€+. Mais :
- C’est Google (pas votre PME locale)
- Ils recrutent les 1% mondiaux
- La pression est à la hauteur du salaire
- Vous vivez peut-être mieux avec 60K€ en France qu’avec 200K€ à San Francisco !
L’évolution des salaires : tendances 2024-2025
Ce qui tire les salaires vers le haut :
- Réglementations : NIS2, DORA… = besoin de profils conformité
- IA générative : ChatGPT & co créent de nouveaux besoins sécu
- Géopolitique : Les tensions mondiales boostent la cyber-défense
- Incidents médiatisés : Chaque gros hack fait monter les budgets
Ce qui pourrait les modérer :
- Formation de masse : Plus de profils formés = moins de pénurie ?
- Automatisation : L’IA peut remplacer certaines tâches junior
- Crise économique : Les budgets IT/sécu ne sont pas intouchables
Mes conseils de Manager reconvertie pour maximiser ses revenus

Court terme (0-2 ans) :
- Visez la spécialisation plutôt que la généralisation
- Bougez intelligemment : +20-30% à chaque changement bien négocié
- Investissez dans les certifications qui rapportent
- Développez vos soft skills (communication, management…)
Moyen terme (3-7 ans) :
- Prenez des responsabilités : équipe, budget, projets
- Construisez votre expertise dans une niche porteuse
- Développez votre réseau (clients, partenaires, pairs)
- Pensez mobilité géographique si nécessaire
Long terme (8+ ans) :
- Management ou expertise : choisissez votre voie
- Conseil indépendant : potentiel de revenus plus élevé, avec la contrepartie de devoir être sur tous les fronts
- Formation/conférences : revenus complémentaires
- Création d’entreprise : si l’entrepreneuriat vous tente !
La vérité qu’on ne vous dit jamais
Le salaire, ce n’est qu’une partie de l’équation !
J’ai vu des professionnels malheureux à 100K€ et des passionnés épanouis à 45K€. Parce qu’au final, ce qui compte c’est :
- L’environnement de travail : équipe, management, culture
- L’apprentissage : montée en compétences, défis techniques
- L’équilibre vie pro/perso : pas de salaire qui vaut sa santé mentale
- Le sens : contribuer à la sécurité numérique, ça a de la valeur !
Comme le disait un ancien RSSI : “Le meilleur salaire, c’est celui qui te permet de dormir tranquille… et pas seulement à cause des incidents de sécu !”
En conclusion : arrêtons de fantasmer !
Les 3 vérités à retenir :
- Oui, la cyber paie mieux que la moyenne IT (+15-25%)
- Non, ce n’est pas le Far West : les salaires suivent une logique
- L’argent ne fait pas tout : environnement et évolution comptent autant
Mon conseil final : Fixez-vous un objectif salarial réaliste selon votre profil, mais ne négligez jamais la qualité de vie, l’apprentissage et l’environnement. Un bon salaire dans une mauvaise boîte, c’est comme une belle voiture sans permis : ça brille, mais ça ne vous mène nulle part !
Et surtout, rappelez-vous : en cybersécurité, votre valeur augmente avec l’expérience, les compétences ET le réseau. Investissez dans les trois, les euros suivront naturellement !
PS : La prochaine fois que tante Huguette vous demande votre salaire, répondez-lui avec le sourire : “Assez pour dormir tranquille, pas assez pour arrêter d’apprendre !” Elle ne comprendra peut-être pas, mais au moins, vous passerez pour philosophe…
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